Le marché de l’Internet en Haïti
L’Internet est loin d’être à la portée de chaque foyer, de chaque professionnel haïtien mais il est beaucoup plus présent dans les milieux de travail, dans les écoles et sur le téléphone portable. Les problèmes sont multiples. Malgré tout, Haïti compte aujourd’hui plus d’un million et demi d’internautes.
Le coût du Mb a beaucoup chuté durant cette dernière décennie. Toutefois, il existe une disparité dans les services offerts par les opérateurs. Si dans la Capitale, des spots commerciaux annoncent la disponibilité du 3G ou même du 4G, offrant une meilleure possibilité d’accès à l’Internet, la qualité du service reste parfois à désirer voire inexistant dans les villes de province. Le 3G au moins offre une connexion à haut débit sur son portable.
L’acquisition de la Comcel par le géant de la Caraïbes, Digicel, a fait coulé beaucoup d’encres dans le milieu d’affaire haïtien. Cela a rebondi jusqu’au Parlement. Le rouge a triomphé du vert. Pour parler des couleurs respectives des deux plus grandes compagnies de téléphonie mobile qui ont bouleversé le marché de la publicité haïtienne. Les vraies causes de cette décision doivent être financières. La concurrence était rude, dirait-on. La Digicel a aussi acquis l’une des plus anciennes compagnies offrant le service Internet en Haïti, l’Alpha Communication Network (ACN). D’aucuns craignent l’oligopole. La Natcom détenue à hauteur de 40% par l’État haïtien, reste la seule concurrente valable face à Digicel. Les dirigeants de la Haitel sont assignés par l’Etat haïtien pour une dette de plus d’un milliard de gourdes.
Qui gère le domaine .ht ?
Le .ht fait partie des ccTLD (Country Code Top Level Domain) comme le .fr ou le .us. Les ccTLD sont les deux lettres d’un domaine de premier niveau qui désignent particulièrement un pays, un état ou un territoire indépendant. Ce qui est différent des gTLD (Generic Top Level Domain) tel que .com ou .net.
La Fondation Réseau de Développement Durable Haïtien (RDDH) est le Registre Internet en charge de la gestion des noms de domaine .ht.
En mars 2002, le Ministre des Travaux Publics Transports et Communications d’alors, Ing. Ernst Laraque, a fait des recommandations à l’IANA (Internet Assigned Numbers Authority) afin d’accorder la gestion du .ht au consortium FDS/RDDH (Faculté des Sciences de l’Université d’Etat d’Haïti et Réseau de Développement Durable Haïtien). En acceptant de transférer la gestion du domaine .ht d’un particulier agissant de manière informelle à un une structure légalement instituée, IANA et le Gouvernement haïtien ont aidé à assurer la présence d’Haïti parmi les pays ayant un nom de domaine propre. Jean Claude Filien de HINTELFOCUS, était le représentant technique du domaine .ht dans les registres de l’IANA. Cette délégation lui a été confiée en 1997 par Dr Jon Postel, en charge d’attribuer la gestion des domaines nationaux chez IANA. C’était une pratique de Postel de confier cette tâche à des personnalités jouissant d’une grande confiance.
Le marché du domaine .ht
Il existe plus d’une douzaine de prestataires locaux du domaine .ht et plus de 2300 noms de domaines actifs. Les grands vendeurs mondiaux de domaines ne s’intéressent pas encore à nous. L’achat d’un domaine .ht coûte entre $75.00/an et $100.00/an. Pour l’Ing. Jaunasse Elysée, l’actuel responsable de la Fondation Réseau de Développement Durable Haïtien (RDDH), le coût d’un domaine .ht n’est ni élevé, ni inabordable en le comparant à celui pratiqué par les pays de la région et ceux de la même catégorie qu’Haïti. Il a ajouté que le RDDH envisage une réduction de 30% au début de l’année 2013.
Le domaine .ht et les autres domaines
Un nom de domaine est une marque de crédibilité et de valeur. Elle est synonyme d’identité. L’une des véritables guerres qui se joue sur le Net est celle de l’identité. Les grandes multinationales, les puissances se forgent une place dans le processus de créer leur propre identité. Les pays émergents misent beaucoup sur l’Internet pour attirer les investissements, les touristes afin de renforcer leur économie. Le domaine .ht est la propriété de l’Etat haïtien. Il est à la peine. Les handicaps sont énormes, si on tient compte des commentaires des responsables d’entreprises, des professionnels du secteur des technologies. Pour Bertrand Salnave, Vice-Président d’une banque privée, la non-disponibilité du .ht chez les grands fournisseurs de domaine et son coût exorbitant par rapport aux autres domaines ne jouent pas en faveur. Aussi, croit-il que les avantages offerts pour un autre domaine sont plus profitables. « Pourquoi le fournisseur n’offre pas un plan avec au moins cinq (5) emails en achetant un domaine .ht ?», poursuit Salnave.
Si le domaine .ht coûte en moyenne $75/an, il n’est pas le plus cher si on compare les pays de notre taille comme .do (République dominicaine) coûte $75/an ; .hn (honduras) $92 ; .cn (chine) $40 ; .ec(equateur) $78 ; .cm (Cameroun) $129 ; .sn (Senegal) $129 [cf. 101domain.com].
Conclusion
Peu d’entreprises locales, peu d’institutions étatiques ont un domaine .ht. Beaucoup d’efforts restent à faire afin d’assurer la vulgarisation de notre domaine. Combien d’artistes haïtiens, de médias, d’organisation achètent un domaine .ht ? S’il est vrai que le .com ou le .net coûte beaucoup moins cher, s’il est vrai que les fournisseurs de domaines doivent accorder des avantages sur l’hébergement ou les emails, c’est à chacun de nous de faire la promotion du .ht en tant que code national. Chacun dans sa sphère d’activités doit aider au renforcement de la présence des sites locaux sur le web. Une adresse web est un élément majeur dans la protection des marques et de l’identité. Toutefois, il faut protéger l’utilisation des noms de nos héros, de nos villes, de nos institutions à des fins commerciales, dans des noms de domaines. Nous assurerons une présence beaucoup plus soutenue sur le web quand l’entrepreneur qui enregistre son entreprise, les institutions, les organisations, les groupes achètent aussi leur nom de domaine, quand l’artiste qui chante la beauté d’Haïti acquiert aussi le domaine .ht pour assurer la promotion de ces œuvres.