Les banques centrales à travers le monde intensifient leur recherche et étudient activement la faisabilité de l’émission d’une monnaie digitale dans leur économie. Elles ne sont pas toutes au même stade et les fonctions de leurs monnaies sont différentes.
Évoquée en 1997, en Europe, une monnaie digitale est une forme virtuelle de la monnaie fiduciaire, matérielle existant physiquement.
La pandémie de Covid-19 a servi d’accélérateur pour promouvoir les paiements numériques. Les autorités des banques centrales qui étaient sceptiques à l’émission d’une monnaie digitale ont dû revoir leur position. Le segment des paiements numériques a une valeur de transaction mondiale de 5,204 milliards de dollars américains en 2020. Il est le plus important au sein des FinTech. La Chine est actuellement le plus grand marché au monde pour les paiements numériques, avec une valeur de transaction atteignant 2,496 milliards de dollars US en 2020 (selon un rapport de Statista). 140 millions de chinois utilisent le yuan digital.
Selon les statistiques, 87 pays représentant plus de 90% de du produit intérieur brut (PIB) mondial explorent activement et étudient la faisabilité de développement des monnaies digitales des banques centrales (MDBC). D’autres ont déjà lancé leur propre monnaie digitale.
CBDC : c’est quoi ?
L’acronyme CBDC signifie central bank digital currency, ou “monnaie digitale de banque centrale” (MDBC), en français. Il s’agit d’une représentation numérique de la monnaie fiduciaire (gourde, dollar, euro, yuan…) sous forme de token (jeton) ou account-based (comptes). La banque centrale est responsable de l’émission, du contrôle et de la réglementation de cette monnaie. Une CBDC a les mêmes fonctions qu’une monnaie fiat. Elle est un moyen efficace, rapide, sécurisé, transparent pour faciliter les transactions électroniques.
La CBDC n’est pas une cryptomonnaie. Il en existe déjà des milliers. Sa valeur est garantie par une monnaie fiduciaire et peut être rachetée physiquement et de manière tangible.
Avantages de la CBDC
La central bank digital currency (CBDC) présente un avantage important à la modernisation de l’économie, en assurant la finalité des paiements et en fournissant des liquidités. La CBDC assure la neutralité de la monnaie, c’est-à-dire, elle est fournie sur une base égale à tous les acteurs commerciaux. Elle permet de développer une société moderne cashless (sans cash), lutter contre le blanchiment d’argent et la corruption et réduire les coûts d’intermédiations, faciliter et baisser les coûts des paiements transfrontaliers (cross border payments).
CBDC et blockchain
Selon l’index de PwC, plus de 88% des projets de CBDC, en phase pilote ou de production, utilisent la blockchain. “Son utilisation comme support technologique d’une monnaie centrale apporte des avantages notables comme une plus grande transparence des flux, la possibilité de configurer les caractéristiques de confidentialité ou encore d’augmenter l’interopérabilité avec d’autres actifs numériques”, souligne les auteurs de l’index. La blockchain est la base du développement de nombreuses cryptomonnaies comme le bitcoin.
Identification numérique et CBDC
L’identification numérique est nécessaire pour l’intégrité des paiements par la CBDC. Elle peut être générée par une entité gouvernementale qui pourra être utilisée par les acteurs commerciaux.
Qu’est-ce que le bitcoin ?
Le bitcoin est une monnaie virtuelle créée en 2009. Contrairement à la monnaie traditionnelles ou monnaie fiat, le bitcoin ou les autres cryptomonnaies n’est pas émis et contrôlé par une banque centrale. Bitcoin fonctionne à l’aide d’un réseau décentralisé peer-to-peer (pair à pair). Les « pairs » sont considérés comme les utilisateurs qui effectuent les transactions. Leurs ordinateurs forment le réseau.
Usage de la CBDC
Il existe deux types de CBDC : la CBDC de gros et la CBDC de détail.
Il existe deux types de CBDC : la CBDC de gros et la CBDC de détail. La CBDC de gros est réservée uniquement aux transactions financières entre les banques. Elle assure une rapidité et une réduction considérable des coûts des transactions bancaires. La CBDC de détail peut être utilisée pour acheter des biens et des services chez les commerçants, à partir d’un portefeuille ou un compte électronique, et faciliter des transactions de type :
- consommateur à consommateur
- consommateur à entreprise
- entreprise à entreprise
Conclusion
La Banque de la République d’Haïti (BRH) a lancé les travaux de recherche à l’émission de la gourde digitale appelée : Bitkòb. Cette monnaie digitale peut être un instrument permettant à la BRH d’avoir un meilleur contrôle du marché financier. Certaines informations détenues par la BRH sont fournies par les banques commerciales à partir d’un ensemble de rapports produits par ces dernières. Avec l’émission de la gourde digitale (Bitkòb), la banque centrale peut accéder directement aux informations financières, sans passer par les banques commerciales, et augmenter ou détruire une quantité de gourdes digitales en circulation, selon les besoins. La gourde digitale peut être émise facilement aux moyens des infrastructures technologiques. Elle peut être la clé de l’inclusion financière et de modernisation de l’économie. La gourde digitale peut aider une meilleure collecte des taxes et à une gestion transparente des programmes sociaux du gouvernement, et limiter les cas de fraudes.
Jean Marie Altéma
En tout cas, le niveau de gestion du système financier haïtien par la BRH laisse à désirer.
Maintenant, ajouter une monnaie électronique dans un système en pagaille peut tout simplement accélérer le désastre.
Espérons le contraire !!!?