Facebook accusé de vente illégale de données de 50 millions d’utilisateurs

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« C’est une brèche énorme sur laquelle il convient d’enquêter. Il est évident que ces plateformes [technologiques] ne peuvent se réguler elles-mêmes », a lancé sur Twitter la sénatrice démocrate Amy Klobuchar, qui demande que le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, mais aussi ceux de Google et de Twitter soient auditionnés par le Congrès.
La société américaine Facebook créée en 2004 par Mark Zuckerberg est dans le collimateur des autorités européennes et britanniques. Le réseau social avec plus de 2,14 milliards d’utilisateurs actifs mensuellement est accusé de vendre les données personnelles de 50 millions d’utilisateurs à la firme britannique spécialisée en communication, Cambridge Analytica. L’information a été révélée par les journaux le New York Times et The Observer, ainsi que le quotidien britannique The Guardian. Les autorités européennes et britanniques chargées de la protection des données au Parlement européen ont décidé d’enquêter sur la société Cambridge Analytica et convoquer le patron de Facebook pour s’expliquer.

Aux Etats-Unis, Cambridge Analytica est accusée d’avoir acquis les données de ces utilisateurs afin de peser dans la campagne présidentielle de Donald Trump. Information niée par Cambridge Analytica. La Federal Trade Commission (FTC), régulateur américain du commerce, a également lancé une enquête sur la gestion par Facebook des données personnelles de ses utilisateurs, selon plusieurs médias américains. Initialement concentrée sur le réseau social, la compagnie a racheté Instagram en 2012, ainsi que WhatsApp et Oculus.

 

Le co-fondateur de la messagerie WhatsApp, Brian Acton, a appellé à quitter Facebook. Brian qui a vendu son application pour 11 milliards d’euros à Facebook a tweeté mardi, “It is time. #deletefacebook” (il est temps. #EffacezFacebook).

 

Facebook a réagi en s’en prenant directement à la société britannique, qu’il accuse de pillage de données à son insu. Les données ont bel et bien été transmises, car aucune infiltration dans leur réseau n’a été signalée. Mercredi, lors d’une interview exclusive accordée à la chaine CNN, Zuckerberg dit regretté ce qui est arrivé. Facebook n’est pas une simple plateforme, mais une entreprise dont le modèle économique est axé sur la vente des données de ses utilisateurs. « Les consommateurs ont le droit de savoir comment sont utilisées leurs informations, et des sociétés comme Facebook ont la responsabilité fondamentale de protéger les données personnelles de leurs utilisateurs », a déclaré Schneiderman, procureur de l’État de New York, cité dans un communiqué publié mardi.

 

Ce n’est pas la première fois que la compagnie de Mark Zuckerberg a été traduite en justice. En août 2013, la justice américaine a validé un accord amiable obligeant Facebook à verser 20 millions de dollars pour avoir utilisé les noms et photos de 150 millions d’utilisateurs dans des messages sponsorisés.

 

En mai 2017, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (France) a condamné Facebook à 150,000 euros d’amende. “Il a notamment été constaté que Facebook procédait à la combinaison massive des données personnelles des internautes à des fins de ciblage publicitaire. Il a aussi été constaté que Facebook traçait à leur insu les internautes, avec ou sans compte, sur des sites tiers via un cookie” (témoin de connexion), avait expliqué la Cnil.

 

En décembre 2017, Chamath Palihapitiya, l’ancien vice-président de la croissance d’audience de Facebook, avait accusé le réseau social de “danger social”. Lors d’une intervention à Stanford Graduate School of Business, il a exhorté les étudiants à « faire sérieusement une pause » avec les réseaux sociaux. En réaction à cette polémique, Edward Snowden estime que Facebook est une société de surveillance qui se fait passer pour un réseau social.

 

Depuis la révélation des médias américains, les actions de Facebook ont chuté de 7%. L’entreprise perd 36,7 milliards de dollars en capitalisation boursière.

 

JMA