Vers la libéralisation des noms de domaines

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L’Internet Corporation for Assigned Names and Domains, l’organisme privé à but non lucratif qui gère les noms de domaines et les adresses IP (Internet Protocol) a voté, ce lundi 20 juin 2011, avec 13 voix pour, 1 voix contre et 2 abstentions, en faveur de l’extension des noms de domaines génériques, appelés gTLD (generic Top Level Domain).

L’ICANN et les noms de domaines

A chaque site Internet correspond une adresse IP (Internet Protocol : Protocole d’interconnexion des réseaux). Ces adresses étant difficiles à mémoriser (Ex. 206.190.60.37), un système d’annuaire a été mis en place associant une adresse IP (unique) à un identifiant (unique) composé de caractères ou lettres, comme yahoo.com, afin de permettre à l’humain de retenir le nom (domaine) correspondant à l’adresse et non l’adresse (IP) elle-même. Toutefois, on peut toujours accéder à un site à partir de son adresse IP.

Que sont les Top-Level-Domain (TLD) ?

Chaque domaine existant se termine par un top-level-domain (TLD), qui sont les deux ou dernières lettres de terminaison d’un domaine, après le . (point). Il y a deux types de TLD, le ccTLD (country code top-level-domain) et le gTLD (generic Top Level Domain). Les ccTLD sont les deux lettres identifiant un pays ou un territoire (Exemple .ht, .us, .fr etc). Il y en a approximativement 250. Les gTLD sont les plus connus, il en existe 22. Ils représentent les lettres de terminaison du domaine. (Exemple .com, .net, .biz etc. Ils sont aussi appelés libellé ou extension.

Nouvelles extensions des domaines

« L’ICANN a ouvert le système de nommage d’Internet afin de libérer l’imagination humaine », tels sont les propos du président de l’organisation, Rod Beckstrom. Ce dossier, à l’étude à l’ICANN depuis 2008, a suscité beaucoup de débats et de discussions. C’est à l’occasion de la 41e réunion publique, tenue à Singapour, que les membres du comité de direction de l’ICANN ont voté la reforme des extensions des noms de domaines de l’Internet. Cette décision vise l’utilisation par les organisations de leur marque comme top-level-domain. Avec des domaines les plus familiers .com, .net, .org etc…, le comité à ouvert la voie à ce que d’autres types de domaines existent sur la toile, tels que .paris, .canon, .nike, .portauprince .hotel etc… Cette mesure va permettre un éclatement des noms de domaines sur le Net. « Cette décision déclenchera un nouvel âge d’Internet. Nous avons fourni une plate-forme pour la prochaine génération de la créativité et de l’inspiration » s’est félicité Peter Dengate Thrush, membre du comité de direction de l’ICANN. « Seuls les grands pays et les grandes marques vont réellement bénéficier de cette décision. Car le coût est déjà trop élevé pour les pays en développement, même s’ils bénéficieront d’une réduction de 76%, cela coûtera toutefois $US 44,400 », estime Fouad Bajwa, Webmaster et activiste pakistanais de l’Internet.

L’ICANN s’engage à protéger les marques

Aujourd’hui, n’importe qui peut acheter un domaine .com, .net ou .org. L’on peut se poser la question et « si un simple individu décide d’acheter un domaine .nike, qui identifie la marque de la compagnie Nike ». Cette décision concerne les entreprises et les organisations privées et publiques. Contrairement aux domaines génériques (gTLD), il faudra déposer une candidature qui coûtera $US 185,000, payer des frais annuels de $25,000 et aussi signer environ 200 pages de documents. Peter Dengate Thrush a déclaré que l’ICANN s’engage à lutter contre le«cybersquatting» qui est une pratique qui consiste à enregistrer un nom de domaine avec l’intention de le revendre. ICANN envisage jusqu’au retrait du domaine, en cas de litige. Les extensions géographiques seront protégées, affirment les autorités de l’ICANN. N’importe quelle institution ne peut décider d’acheter un domaine .portauprince ou .lescayes par exemple. Il lui faudra une permission du gouvernement en charge de l’utiliser.

Les premières demandes à partir de janvier 2012

Des voix s’élèvent en faveur de cette décision qui apporte cette ouverture au processus de développement de l’Internet et d’amélioration de la sécurité contre le vol d’identité (phishing). Un client pourra facilement identifier son fournisseur, à travers l’extension de domaine. Elle permettra aussi aux grandes entreprises de surseoir leur image. D’autres défenseurs de la liberté d’expression sur l’Internet dénoncent ce qu’ils appellent la « privatisation » du Web. ICANN s’attend à recevoir entre trois cents et un millier de demandes au cours de l’année 2012.

JMA
@2011