Numérique : rétrospective de l’année 2018

Partager

L’année 2018 a été très difficile pour le pays sur le plan économique. Les entreprises technologiques, moyennes et grandes, ont beaucoup souffert de l’instabilité politique qui prévaut en Haïti et aussi de la dépréciation de la gourde, qui entraîne une baisse du pouvoir d’achat de la population.  Comme depuis bientôt dix (10) années, il n’y a pas eu d’investissements majeurs dans ce secteur qui pourrait servir de levier de développement social et économique.

Selon une liste publiée par la Direction générale des impôts (DGI), les deux opérateurs de téléphonie mobile qui sont aussi des fournisseurs à accès internet, figurent parmi les dix plus grands contribuables (Digicel 2e et Natcom 8e). Le nombre d’emplois directs et indirects créés dans le secteur des technologies se situe au-delà de 150,000 selon certaines statistiques. Si l’on se réfère au dernier rapport de  la GSM Association (GSMA) sur l’économie mobile dans la région Amérique Latine et Caraïbes, beaucoup d’efforts sont consentis par les états pour connecter “les non connectés”. Haïti figure parmi les pays avec le plus faible taux de pénétration de l’internet et du mobile, comme le Guatemala, le Nicaragua et le Honduras où 70 @ 80% de leur population ne sont pas encore “connectés” à la toile. Toujours selon ce rapport, le pays enregistre un taux de pénétration du mobile de 54% et de l’internet de 21%.  La pénétration des services mobiles contribue à la croissance économique, à l’innovation et au développement social. S’il est vrai que le secteur privé, l’université et la société civile s’activent pour donner une forte impulsion au secteur numérique en Haïti, à travers des initiatives et des activités de sensibilisation, d’accompagnement et de formation, l’Etat est en manque de politique publique encourageant le développement d’un environnement propice à l’économie numérique. Les actions sont menées de manière isolée.

Quelques faits marquants

Outre les initiatives identifiées plus loin, il faut aussi mentionner les diverses activités de formation, de conférences-débats, de concours de programmation informatique et autres organisées par CEDEL Haiti et Banj. Des banques commerciales comme Sogebank, BUH, Capital Bank et Unibank ont fait des progrès en offrant un éventail de services en ligne à leur clientèle à travers des applications mobiles et des plateformes web.

Centre incubateur Alpha Haïti. Le gouvernement a fait une importante avancée dans le renforcement de l’écosystème entrepreneurial en haïtien en lançant le premier centre incubateur d’innovation technologique du pays au local du ciné Triomphe. Une action à encourager malgré les lacunes affichées dans la vraie mission de l’incubateur qui doit impliquer tous les acteurs de l’écosystème numérique, l’état, le secteur privé, la société civile ainsi que le monde de la recherche. Depuis son lancement, des activités de formation, des conférences et des concours y sont organisés au profit des jeunes de la capitale. 

Sommet Finance et Technologie. Group Croissance et ses partenaires ont lancé la troisième édition du Sommet Finance et Technologie en marge de la 8e édition du Sommet international de la Finance, en mettant un accent particulier sur la FinTech. Des experts nationaux et internationaux ont discuté de technologie et finance, intelligence artificielle, cryptomonnaie entre autres au cours de ce forum.

profIT360. Cette plateforme d’échanges et d’organisation d’ateliers de réflexion sur le développement numérique réunit des spécialistes du monde de la recherche, de la technique, du droit et de l’économie. profIT360 est un espace de débats sur tout ce qui concerne le développement du numérique en Haïti. Les rencontres sont diffusées en direct sur Facebook afin de toucher un public plus large. Les objectifs visés par ce projet contribuent à :

  • promouvoir le développement économique par l’utilisation du numérique ;
  • créer un espace d’échanges entre les acteurs impliqués dans le numérique ;
  • dégager des éléments de politiques publiques visant le développement du numérique ;inciter les décideurs à développer une stratégie de gouvernance
  • numérique ;
  • promouvoir la transformation digitale en introduisant les outils numériques comme vecteurs de croissance et de promotion de la transparence.

Toma, le “fact checker”. Lancée par le réseau de bloggeurs haïtiens afin de lutter contre la propagation des “fake news”, Toma est une application utilisant des mécanismes de l’intelligence artificielle afin de vérifier la fiabilité d’une information publiée sur le web. 

#PetroCaribeChallenge. La circulation rapide des informations à travers l’internet et les réseaux sociaux s’est avérée être un puissant moyen de mobilisation citoyenne. Ces outils ont joué le rôle de catalyseur lançant un vaste mouvement de protestation contre la dilapidation des fonds PetroCaribe, disent les PetroCaribe Challengers. Ce qui est appelé un “mouvement citoyen” a touché des milliers d’haïtiens vivant en Haïti et dans la diaspora. Les hashtags #KotKobPetwoKaribea et #PetroCaribeChallenge sont utilisés par “les PetroCaribe Challengers” pour demander des comptes sur la gestion de ces fonds. Les réseaux sociaux sont transformés en une force mobilisatrice capable d’atteindre toutes les couches de la population. Ils créent une interaction entre le réel et le virtuel. Toutefois, ces mouvements ont souvent un caractère éphémère. C’est-à-dire, ils existent au gré des événements. Ils s’amplifient puis périclitent rapidement. On peut se rappeler du printemps arabe et d’un mouvement similaire lancé par des jeunes gambiens #GambiaHasDecided pour exiger le départ de leur président Yahia Jammeh qui, malgré sa défaite par les urnes, s’accrochait au pouvoir. 

Les réseaux sociaux sont transformés en une force mobilisatrice capable d’atteindre toutes les couches de la population. Ils créent une interaction entre le réel et le virtuel. Toutefois, ces mouvements ont souvent un caractère éphémère. C’est-à-dire, ils existent au gré des événements. Ils s’amplifient puis périclitent rapidement. On peut se rappeler du printemps arabe et d’un mouvement similaire lancé par des jeunes gambiens #GambiaHasDecided pour exiger le départ de leur président Yahia Jammeh qui, malgré sa défaite par les urnes, s’accrochait au pouvoir. 

Haiti Tech Summit. Pour sa deuxième édition, ce sommet a réuni de nombreux entrepreneurs, investisseurs et experts haïtiens et étrangers à l’hôtel Royal Decameron, sur la côte des Arcadins, dans le but de promouvoir le développement du numérique en Haïti. Jack Dorsey, co-fondateur et PDG de Twitter avait fait le déplacement pour parler de leadership, d’entrepreunariat, des affaires et partager avec les participants l’expérience du lancement de Twitter.  

Salon de l’Economie Numérique. Le Conseil National des Télécommunications a lancé la seconde édition du salon numérique au Champs-de-mars. Une activité qui vise à mettre en valeur les capacités existantes du numérique et favoriser les synergies entre les acteurs du secteur. Des concours, des conférences et expositions ont marqué cet événement.  

SNEI-PC. La ville de Mirebalais a accueilli la première édition du salon du numérique, de l’entrepreneuriat et de l’innovation du plateau central. Une activité louable qui a mobilisé des experts haïtiens vivant en Haïti et dans la diaspora.

EdTechHaïti est un sommet qui a réuni des enseignants, directeurs d’écoles et autres acteurs du système éducatif Haïtien autour de l’intégration et de l’utilisation des technologies pour l’amélioration du système éducatif. Plusieurs dizaines d’écoles ont pris part à cet événement. 

SIFNU. Le Sommet des femmes du numérique est organisé par la Chambre de commerce des femmes entrepreneurs qui vise à discuter des sujets clés de la technologie numérique dans le contexte des femmes entrepreneurs haïtiennes. 

Haiti Konekte. Le forum “Haiti konekte” sur le renforcement de l’écosystème numérique est réalisé avec la participation d’acteurs du monde numérique en Haïti et d’experts de la régulation des télécommunications. L’objectif fixé par les organisateurs de cette activité est de discuter des thèmes qui connectent les acteurs du numérique en Haïti.

Forum sur la gouvernance de l’internet. « Connecter les déconnectés et construire l’avenir du numérique en Haïti », tel est le thème de la première édition du Forum sur la gouvernance de l’internet, organisé par le Chapitre Internet Society (Isoc) en Haïti avec le soutien du LACNIC.

Initiative Stéphane Bruno (ISB). Fondée en août 2016 par la Fondation Sogebank et l’AHTIC, l’ISB s’est donné comme objectif de perpétuer la mémoire et poursuivre l’action d’un des grands spécialistes des TICS en Haïti : Michel Stéphane Bruno. L’édition de cette année a encore réuni des dizaines de jeunes du monde de la programmation informatique. Sur plus de 50 projets reçus à l’issue de l’appel à candidatures, lancé autour des thématiques agriculture, éducation, inclusion financière et santé, sept projets ont été retenus pour « la qualité des prototypes présentés et du plan d’affaires à partir duquel ils ont été conçus ».

Hackathons innovations médias.  L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) appuyant les initiatives innovantes d’intégration du numérique dans la production et/ou la diffusion audiovisuelle, a lancé sa 6e édition des “Hackathons innovations médias”. Il s’agit de concours d’innovation dans le secteur de la production et de la diffusion d’information, encore appelé médiathons. Ces initiatives encouragent les jeunes francophones à développer des projets innovants dans le domaine des médias.  

Démission d’un gestionnaire de comptes. L’année 2018 a aussi été marquée par une utilisation démesurée des réseaux sociaux. Des documents et informations administratifs confidentiels des institutions de l’état et des organismes du secteur public sont diffusés sur les réseaux sociaux, et parfois partagés sans aucune discrétion sur les comptes personnels des responsables de ces institutions. Des pratiques qui sont de nature à ternir l’image et affaiblir l’état. Dans une lettre adressée au Président du Conseil électoral provisoire (CEP), un gestionnaire de médias sociaux a présenté sa démission au président du CEP, après une dizaine d’années de collaboration avec l’institution électorale, pour avoir publié un message inapproprié sur le compte officiel du Conseil.