Numérique : rétrospective de l’année 2019 et 4 professionnels qui ont marqué les esprits.

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Les économistes qualifient l’année 2019 comme étant une année noire pour les familles haïtiennes. Les derniers rapports de l’Institut haïtien des statistiques et d’informatique (IHSI) révèlent que le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) a connu une contraction de -1.2%. Ce qui revient à dire tout carrément que la valeur totale de la production de richesse générée par les acteurs économiques du pays pour 2019 est négative. M. Kesner Pharel estime qu’Haïti détruit des richesses et crée la misère.  

Selon les données publiées sur le site internet de la Banque la République d’Haïti (BRH), à pareille époque, le taux de référence pour acheter 1 dollar américain était de Gdes 77,1881. Aujourd’hui, ce taux est de Gdes 91,8762.

C’est dans un contexte socio-économique difficile, marqué par une absence de la croissance économique, que les entreprises du secteur des technologies de l’information évoluent. Des institutions comme CompHaiti ont été vandalisées. L’incubateur Banj,a payé les frais des gens mal intentionnés qui ont profité des manifestations populaires pour piller et casser son local. Des « start-ups » ont dû fermer leur porte.

Le rapport de GSMA, une organisation regroupant plus de 750 opérateurs de téléphonie mobile incluant plus de 400 entreprises de l’industrie mobile, sur l’état de la connectivité mobile, Haïti enregistre le plus faible score de la région Amérique Latine/Caraïbes (LAC), soit 32.3/100  contre 57.3 pour la République Dominicaine et 59.3 pour la Jamaïque.

En 2019, la qualité des services de communications électroniques, particulièrement l’internet et la téléphonie mobile a dégradé considérablement. Le chapelet des plaintes des usagers est très long. Ils se plaignent souvent des coupures intempestives, d’appels indisponibles, d’absence de couverture dans certaines zones, de détérioration de la qualité auditive et un service à la clientèle inefficace.

La transformation digitale offre de grandes opportunités aux connectés. Elle aide à l’amélioration de l’éducation, de la santé et à la réduction de la pauvreté. L’accès à internet et le développement des services innovants contribuent à l’accomplissement des dix-sept (17) objectifs de développement durable fixé par les Nations unies. La téléphonie mobile est devenue le principal relai au développement de l’économie numérique.  

La population haïtienne attend avec impatience le lancement officiel de la technologie 4G LTE.  Cette technologie, présente déjà dans tous les pays de la région, offre des avantages considérables aux usagers. Aucune information officielle n’est communiquée avec le public sur l’exploitation de la licence qui doit être attribuée aux opérateurs de téléphonie mobile Digicel et Natcom. Aucun accord n’a été trouvé entre les opérateurs et l’état haïtien. Si le président de la République, Jovenel Moïse, a parlé de 300 millions de dollars américains pour la licence d’exploitation de la 4G LTE, on doit se demander si tous les paramètres ont été pris en compte pour à arriver à ce montant. Quel est le cahier des charges élaboré à cet effet ?  

Le coût de la licence ne devrait se fixer sans la définition d’un plan avec des objectifs clairs afin que le secteur des télécommunications puisse aider au développement des autres secteurs. Sinon, le consommateur sera le grand perdant et la fracture numérique risque de s’aggraver et d’accroitre les inégalités d’accès aux services de communications électroniques.

Aucun développement de l’économie numérique n’est possible sans le déploiement d’infrastructures technologiques résilientes, capables de promouvoir la croissance. Les forces vives de la nation n’en parlent pas assez. Nous risquons d’échouer, si les professionnels de l’économie, du numérique, de la finance, du droit, des médias n’embrassent pas cette cause.

Quelques faits marquants

Sommet FinTech : Group Croissance et ses partenaires, la BRH et profIT Development Consulting, ont organisé le 4e sommet de la FinTech, en marge du Sommet international sur la finance. Cette activité a réuni des acteurs nationaux et internationaux du monde de la finance et de la technologie. Elle s’est déroulée autour du thème : « Faciliter l’inclusion financière en Haïti à travers les technologies de l’information et de la communication. »

Lancement de BRH Mobile : La banque centrale veut promouvoir l’accès à l’information en lançant l’application BRH mobile, disponible sur la plateforme Android. Elle permet de :

  • Promouvoir l’éducation financière via des capsules vidéo portant sur des sujets liés à l’économie et à la finance ;
  • Comparer les produits et services offerts par les banques commerciales ;
  • Consulter les taux affichés par les banques commerciales ;
  • Consulter le taux de référence de la BRH ;
  • Consulter le taux moyen d’acquisition (TMA).

Célébration de la journée mondiale de la propriété intellectuelle (PI) : L’Université Quisqueya, le Bureau haïtien du droit d’auteur (BHDA) et le cabinet de conseil en stratégie et gouvernance numérique, profIT Development Consulting, ont célébré la journée mondiale de la propriété intellectuelle. Avec le développement du numérique, désormais tous les domaines sont touchés, de la reproduction des œuvres littéraires ou musicales à la production des appareils électroniques. Les organisateurs ont voulu promouvoir la propriété́ intellectuelle comme facteur de développement et de progrès en protégeant les droits des créateurs sur leur œuvre. Pour eux, la PI vise à promouvoir la créativité́ et incite à l’innovation.

Haïti Tech Summit (HTS) : Décidément, rien n’arrête les organisateurs de cet événement qui réunit des acteurs de l’industrie technologique haïtienne et mondiale. Malgré les troubles socio-politiques, la 3e édition d’HTS a eu lieu au Royal Decameron, situé à Montrouis.

Atelier de sensibilisation sur les politiques de données ouvertes : L’Organisation internationale de la Francophonie à travers son Bureau régional pour les pays de la Caraïbe et de l’Amérique latine (BRECAL) a organisé un atelier de sensibilisation sur les politiques favorables à la production et la valorisation des données numériques en Haïti. Cette activité a réuni des professionnels du secteur numérique et autres autour des stratégies et politiques à mettre en place pour permettre au pays de capter une partie de la valeur des données produites en Haïti et en faire des éléments d’une économie numérique locale.

École d’été du numérique : « Le web sémantique et l’intelligence artificielle », tel a été le thème de la 3e édition de l’école d’été du numérique organisé à l’Université Quisqueya. Des experts haïtiens et canadiens ont partagé leurs expériences avec les participants au cours de cette activité qui visait le renforcement du potentiel du numérique local dans l’intérêt de la collectivité.  

Conférence sur la régulation des contenus sur le net : Mme Salwa Toko, la présidente du Conseil national du numérique (Cnum) en France a profité de son passage en passage en Haïti pour présenter à l’Université Quisqueya, avec M. Jean Marie Altéma, une conférence sur la régulation des contenus sur le net. «Fake News », intimidation, cyber-harcèlement, diffamation sont autant de termes abordés par les conférenciers au cours des échanges.

Télé Haïti, la compagnie de télévision par câble, lance son application mobile pour fêter ses 60 ans de services. L’abonné peut, avec son téléphone intelligent, ordinateur portable ou tablette, emporter Télé Haïti avec lui. L’application est disponible sur les plateformes iOS et Android et offre aux abonnés le droit à la Vidéo à la demande (VOD).

Ils ont marqué les esprits

Guy Webern Guerrier dit Guy Wewe : S’il y a un jeune du secteur culturel qui a su exploiter les opportunités offertes par le numérique, il s’appelle Guy Webern Guerrier dit Guy Wewe. Ce disciple de Carel Pèdre de « Chocarella » ne cache pas sa satisfaction de ses réalisations. Son parcours en 2019 a été plus que remarquable malgré les troubles de « peyilòk ». Guy Wewe est présent à la plupart des événements de la musique haïtienne pour faire vivre aux fans d’Haïti et de la diaspora, à travers les réseaux sociaux, les meilleures activités du Haitian Music Industry (HMI). En créant sa webradio, « Guy Wewe Radio a », que l’on peut capter partout à travers le monde, Guy Wewe s’impose désormais comme l’une des références du monde musical haïtien sur le web.

Guy Webern Guerrier, PDG de Guy Wewe Radio a

Geneviève Léveillé figure parmi les cent personnalités les plus influentes en Angleterre. Cette haïtiano-américaine qui a participé au dernier Sommet FinTech dirige AgriLedger, une entreprise spécialisée dans la technologie blockchain pour le secteur agricole.

Genevièvre Léveillé, PDG de AgriLedger

Juno7 : John Fritz Moreau est le PDG de l’agence de presse en ligne « Juno 7 ». Après Alterpresse et HPN, que l’on peut considérer comme les pionniers de l’agence de presse en ligne, Juno7 s’est taillé une place dans l’espace cybernétique. Il est l’une des agences haïtiennes les plus connues et les plus actives. A l’ère où l’information circule à la vitesse de la lumière grâce aux technologies de l’information, cette agence bouscule les médias traditionnels. Il a atteint la barre des cinq millions de visites. Juno7 est aussi une application mobile disponible sur les plateformes iOS et Android. John Fritz Moreau vient de participer au Programme international de formation des visiteurs (IVLP), lancé en 1940 par le Département d’état des États-Unis. Cette visite a été l’occasion pour lui de comprendre l’évolution, l’état actuel et les tendances des enquêtes et recherches journalistiques aux États-Unis, d’explorer des aspects uniques qui distinguent le journalisme d’investigation du journalisme traditionnel et d’évaluer l’impact des médias sociaux, des nouvelles technologies de communication, du journalisme citoyen et des formes alternatives de reportage d’investigation. « Melani » est la nouvelle web-série qui retrace la vie d’une jeune fille, lancée par l’agence sur les médias sociaux.

John Fritz Moreau, PDG de Juno7

Ted’Actu : Ralph Ted Erol, le PDG de Ted’Actu a fait un travail remarquable. La plateforme d’information en ligne exploite les réseaux sociaux pour informer les internautes d’Haïti et de la diaspora. A travers ses reportages, pour la plupart en direct, sur les événements socio-politiques qui ont marqué l’année 2019 et grâce à un concept innovant, le travail réalisé par Ralph Ted Erol est apprécié de tous. Durant la période de « peyilòk », avec ses reporters en province et dans la capitale, Ted’Actu était présente, là où l’action se passait, pour partager les images et les vidéos avec les internautes. Ce professionnel des médias montre la voie à des jeunes sur les capacités offertes par le numérique.

Ralph Ted Erol, PDG de Ted’Actu